Facebook, voyage au bout de la bêtise

En 2006, l’application Facebook devient accessible à tous. Le succès est immédiat, et la notoriété du réseau social se répand « comme une traînée de poudre » dans le monde entier.

En 2010, l’écrivain américain J.D. Salinger, totalement inadapté aux obligations sociétales que sa notoriété nécessitait, s’éteint après des décennies d’isolement au fin fond du New Hampshire.

Vous ne voyez aucune corrélation entre ces deux événements ? Moi, si.

J’avance l’hypothèse – farfelue, contestable et évidemment fausse – que Salinger s’est éteint, en 2010, quand la nouvelle du succès du plus célèbre des réseaux sociaux lui est parvenue. Pour cet amoureux des mots, le principe même d’un « réseau » « social » comportait déjà deux mots incompatibles avec son acception des rapports humains. La réalité évoque une mort assez naturelle, à 91 ans, à la suite d’une fracture de la hanche, mais elle est beaucoup moins romantique qu’un arrêt cardiaque provoqué par l’incompréhension du monde extérieur. Sa fille, pas très tendre avec lui mais certainement très pertinente, expliquait quelques années plus tôt : « Pas étonnant que sa vie soit si vide d’êtres humains vivants et que son monde fictionnel donne tant d’importance au suicide» Je m’inspire d’habitude plutôt des réflexions des grands écrivains que de celle de leur progéniture mais, soucieux de réconcilier en toute harmonie la pensée du père et de la fille, j’ai décidé de mon propre suicide… social… sur Facebook.

Aujourd’hui, on parle pour Facebook d’un nombre astronomique de 3 milliards d’utilisateurs dans le monde, dont plus de 40 millions en France. J’ai donc décidé, grâce aux mots qui suivent, de me faire 40 millions d’ennemis, puisque j’écris dans la plus belle langue du monde.

Donc, voilà, je me « casse » de Facebook, à la façon d’un Spaggiari : « Sans arme, ni haine, ni violence. » Juste par dégoût, et avec soulagement. Il ne s’agit là que d’un suicide social, totalement inoffensif en raison de mon audience ridiculement faible, et d’une influence si dérisoire qu’elle m’a définitivement ôté l’ambition – que je n’ai jamais eue – de devenir influenceur.

Mais, pas d’inquiétude, puisque se suicider sur Facebook est aussi efficient que d’ingurgiter quatre plaquettes de cachets placebo ou de se pendre avec un élastique. Et puisqu’il paraît que la pendaison provoque une réaction priapique, je ne doute pas qu’acter son propre suicide sociétal (sur cette vanité que sont les réseaux sociaux) ne procure un sentiment quasi orgasmique.

Que les supporteurs aveuglément inconditionnels de Facebook – et autres « ultras » qui vivent par procuration sur les réseaux sans pouvoir envisager qu’il existe une vie en dehors – s’arrêtent de lire ici. Les « platistes » du réseau social, aveugles au monde extérieur, m’ennuient et me désespèrent. J’écris pour ceux qui acceptent l’idée qu’il existe des dérives, abusives et toxiques de la part de certains utilisateurs, et qu’il est autorisé d’en parler.

Un concept malsain à bien des égards

Arrivé donc totalement par hasard et malgré moi (il y a quelques années) sur ce réseau social pour l’unique promotion d’un café-théâtre et des artistes qui s’y produisaient, et en aucun cas pour moi-même, j’avais très honnêtement mis sous le boisseau mes intuitions négatives, tenaces pendant plus de dix ans, mais aujourd’hui avérées. J’ai ensuite prolongé l’expérience, soucieux de ne pas entraver une activité d’indépendant qui nécessite, dans le monde actuel, d’être « visible sur la toile »…

Ainsi « Je suis venu, j’ai vu… » (César, au Sénat, 47 av. J.-C.), et je me suis tu, difficilement, pendant de longs mois, temps nécessaire pour la gestation d’un diagnostic qu’on ne peut plus qualifier de prématuré.

Effectivement, mon « expérience d’utilisateur » ne fut pas toujours des plus heureuse… Ma première exaspération était arrivée rapidement. J’avais alors osé un « commentaire », dans lequel j’appelais cordialement à la retenue, sur le profil d’une personne inondant quotidiennement Facebook d’un nombre considérable de publications stupides qui ne sont que des copier-coller ou des partages déjà vus et revus, pour ne pas dire éculés… Vu l’importance de son auditoire, je ne pouvais pas être taxé d’être allé « la chercher »… Mon « commentaire » (place allouée par le réseau social…) avait alors suscité plus de réactions (hostiles) que jamais en huit mois de publications qui ne faisaient que relayer les créations artistiques de comédiens, chanteurs, musiciens… pour certains talentueux… Cela se passe de « commentaire »…

Faites le test, une fois. Sur une publication qui vous semble abusive, ou déplacée, ou juste inopportune, osez émettre un avis dubitatif, une critique négative mais néanmoins cordiale… C’est comme aller au Stade Vélodrome avec un maillot du PSG : quand la liberté d’expression est réduite et interprétée comme de la provocation, n’est-ce pas là une forme de censure, faite à l’envers ?

Et si publier – comme l’ont fait les personnes que je me permets de pointer du doigt – suppose d’accepter la critique à laquelle on s’expose, je reconnais le caractère malveillant de la critique négative quand elle est gratuite. La mienne n’avait rien de méchante, je l’espérais utile. Mais je dois me résigner au concept bienveillant de Facebook, qui n’offre que la possibilité de « demander en ami », et jamais en « ennemi », et de liker d’un pouce mais jamais d’un majeur bien tendu. C’est frustrant. Certainement préférable et consensuel, mais frustrant.

Je ne critique pas forcément les publications en elles-mêmes, mais uniquement l’omniprésence abusive de certaines, déplacées puisque destinées à un nombre de contacts – qui la recevront malgré eux – qui dépasse largement le cercle restreint d’amis qui portent au publicateur un intérêt amical, légitime et louable. On peut se poser la question de savoir si s’exprimer à l’intention de plus de 3 000 ou 4 000 « amis » n’incite pas à plus de discernement qu’à une cinquantaine ou centaine de vraies connaissances, les « potes » qu’on retrouverait autour d’un barbecue. Question de savoir-vivre…

Considérer que ce qu’on a à dire va intéresser tout le monde relève non seulement de la prétention, mais aussi de la fatuité, face à laquelle chacun dispose d’un seuil de tolérance plus ou moins supportable. Le mien est bas. Très bas. Je n’envisage pas de m’excuser d’être exigeant.

Les réseaux sociaux : un concept qui fait la part belle à la bêtise

Ainsi, à une époque où les diffuseurs d’ambiance sont à la mode, et Facebook peut se vanter d’en faire partie (au second degré, que l’on m’a reproché de ne pas avoir), il n’en sort pas toujours des odeurs agréables. Puisque l’environnement est un enjeu majeur du siècle à venir, peut-être est-il bon de se poser aussi la question de la pollution dégagée par ces profils dont l’inutilité provocante dépasse les bornes du savoir-vivre communautaire (puisqu’un réseau social se targue de constituer des « communautés »). Peut-être ai-je une sensibilité exacerbée, mais la mode est également aux agitateurs de conscience, alors pourquoi pas ?

Et je ne parle pas ici des limites et dangers connus et déjà débattus d’un réseau social comme Facebook, personne ne m’ayant jamais forcé à venir dessus. D’éminents spécialistes, dont je ne ferai jamais partie, s’en sont déjà chargé, je ne me « charge » ici que des utilisateurs.

La quasi-totalité des griefs que j’expose ici ne porte que sur un usage inadapté de Facebook. La liste est toutefois longue et je me suis lassé (dès le début) :

– Des égotistes qui publient en boucle photos ou vidéos de leur trombine, interminables selfies mégalomaniaques : il existe pour cela des agences de casting ou de mannequinat. Photos parfois accompagnées de textes surréalistes, tels que : « Je suis née pour me révéler et partager mes dons au monde »… (après correction des fautes d’orthographe).

– De tous ces imbus d’eux-mêmes qui publient des photos… : de leur sandwich à la plage ou leur salade César à la brasserie du coin (oui, j’aime bien César…, le seul auteur que mes rares facultés linguistiques me permettent de lire dans sa langue maternelle. Pour info, la salade du même nom n’a rien à voir avec lui, mais tant pis) ; de leur cher toutou qui finira abandonné au prochain départ en vacances ; de la vue mer depuis leur chambre d’hôtel ; quand ce ne sont pas de leurs doigts de pieds en éventail sur une plage (dernier exemple en date : 25 commentaires béats et 85 « likes » approbatifs, j’imagine pour la plupart un peu hypocrites). Sans parler des innombrables photos de leur conjoint ou de leurs enfants mineurs qui n’ont rien demandé (récemment : 32 photos en libre accès d’une après-midi barbecue-piscine …). Ce classement ne présente aucun ordre de hiérarchie affective, n’y voyez pas plus mauvaise intention de ma part que ce que je dénonce déjà.

– Des commerciaux en tous genres (et notamment agents immobiliers) qui profitent d’un réseau social pour vendre leur cam et prendre leur com.

– Des leçons moralisatrices de politiques en campagne ou d’institutionnels, le plus souvent en uniforme, qui parlent de valeurs, d’honneur, et autres billevesées dont ils sont totalement déconnectés… Il est bien minable d’utiliser le dénigrement d’autrui comme moyen de se valoriser, et bien prétentieux de se poser en moralisateur. Juste insupportable.

– Des blagues ou citations humoristiques, certes souvent drôles, mais tellement vues et revues que leur répétition lasse et surtout pollue. Si encore elles étaient le fruit d’une création spirituelle innovante, mais elles ne sont que de fades copier-coller puisés dans les innombrables sites ou applications qui les diffusent… Une en passant, soit… Mais certains sont des spécialistes du stencil (polluant, le stencil…) qui se prennent pour des invités d’honneur au Montreux Comedy Festival ou au Marrakech du Rire.

– Des atteintes assassines à l’orthographe, la sémantique et la grammaire. Si chacun peut s’exprimer, l’orthographe reste la politesse de l’écriture, et, à l’heure d’Internet et des correcteurs d’orthographe, qui permettent de compenser une carence par un effort de vérification, certains n’en ont cure… Dommage que, pour ces derniers, le « Bled » n’évoque qu’un home sweet home maghrébin, le « Robert » le charcutier du quartier (ou le « boob » de bobonne, pour le plaisir du (des) sens et de l’allitération), et le « Grevisse » rien du tout. Tous ces ouvrages de chevet indémodables mais apparemment démodés sont en vente chez le libraire (« libraire » : cf. définition dans le Robert… en vente chez le libraire… bon, OK, c’est pas gagné…).

– De bien d’autres inutilités sociales : question de savoir s’il pleut à La Seyne (suffisamment vitale et virale avant-hier pour générer 48 commentaires), photo banale agrémentée du « bonjour » du matin (c’est gentil de dire bonjour, mais certains ont le bonjour un peu trop œcuménique, et tout le monde n’est pas croyant), interrogation sur le numéro de téléphone de la pharmacie de garde, publication de photo dont la banalité rivalise avec celle du commentaire, etc.

– Et de bien d’autres choses dont je me retiens de parler (restons pacifiques…). Je terminerai néanmoins en ajoutant qu’un réseau social est le révélateur de bien des défauts du genre humain, dont l’un des plus flagrants semble être la fierté mal placée, qui confine à l’égocentrisme et l’orgueil. Nombre « profils » profitent d’un événement survenu à un proche pour parler d’eux : quelle nécessité d’aller féliciter quelqu’un au vu et su de tout le monde, alors qu’il suffirait de lui envoyer un message en privé ? À l’occasion d’un décès, pourquoi s’adresser sur les réseaux à la personne décédée (forcément inoubliable, et qui n’est plus en possibilité de répondre), alors qu’en réalité le but n’est que d’étaler devant tout le monde sa proximité avec le défunt ?

Petit florilège (avec les fautes…) :

« Bonjour, Quand on veut… on peut… Avant d’accomplir ce premier travail, je ne savais pas si j’arriverai à le réaliser. Mais je ne me suis pas vraiment posée la question, j’ai foncé. Comme dans tout ce à quoi je me lance. Et cela a été une réussite, comme tout ce que j’entreprends, quelles que soient les difficultés. Belle journée à toutes et à tous ». Bonjour le melon… ou les chevilles…

« Papa, Comme j aimerais faire un retour rapide et te serrer dans mes bras ! Où que tu sois, je ressens ta présence et souvent je te demande de me guider… Repose en paix… » Voilà une mode aussi phénoménale qu’absurde : maintenant, les gens s’adressent aux morts sur les réseaux…

 

Pour des raisons de bienveillance, je ne cite pas ici les auteurs de ces perles (ici deux « autrices » de La Seyne-sur-Mer, particulièrement omniprésentes sur les réseaux).

 

Facebook concurrence Doctolib…

Après une étude sociologique menée bien malgré moi sur ce réseau, j’avoue m’être trompé sur les préoccupations de mes concitoyens. Je croyais que le monde tournait grâce à l’argent et au sexe ; sur Facebook, c’est plutôt la bouffe et la santé. Quand j’arrive dans un restaurant ou aux urgences de l’hôpital, faire part sur les réseaux de mes constatations est bien la dernière chose qui me vienne à l’esprit.

Le mois dernier, une certaine Chantal a même communiqué son rapport médical intégral, accompagné d’une photo d’elle à l’hôpital, affublée d’un masque sanitaire (cité ici avec les fautes d’orthographe, qui ne sont pas le signe d’une faiblesse du niveau de français, mais d’un irrespect et d’un « j’m’en foutisme » qui éloignent d’elle la simple idée de se relire) :

« Hospitalisée… désolée prenez soin de vous bises à tous. Alors les 5000 amis. Motivez vous pour les 5000 likes. l scanner plus caméra ORL Diagnostic fait. Inflammation importante du Pharynx. Rétrécissement des membranes donc spasmes mucus et obstrucffs entraînant des détresses respiratoires. nocturnes. 3 médecins urgentistes vus les 3 d accord pour un seul et même traitement et d absence de fièvre. Corticoïde en aérosol antibio et ventoline.10jours. Testxocid NÉGATIF

Sauf que k ORL vu hier soir en Urgence.stop tout traitement et décide anxiolytiques/?

D accord ces épisodes éprouvants justifient et entretiennent un fort sentiment et d inquiètude légitime eti d angoisse. Mais de là a supprimr les supports médicamenteux

Il y a de quoi se poser des questions ?…

Si ds mes 5000 ami se trouve des professionnels de santé merci de M ÉCLAIRER ».

 

La publication est édifiante : sa première préoccupation est donc de recueillir 5000 likes ! Puis de faire une consultation (gratos) à laquelle elle donnera (forcément) crédit… Le jour où j’aurais un cancer, peut-être regretterai-je d’avoir quitté Facebook ? Si cette publication ne datait pas de la semaine dernière, je jurerais qu’elle aurait inspiré Audiard pour son fameux « Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner. »

Une pollution sociétale

Je pourrai donner des exemples probants de chacun des cas cités précédemment. J’ai beaucoup hésité, pour finalement m’abstenir de nommer mes inspirateurs : rendre hommage sans dommage est dans ce cas délicat. Alors, s’il eut été honnête de rendre à César ce qui est à César (parole d’Évangile, pas de lui…), et à André (et Andrée) ce qui est à André (et Andrée), à Sylvain, Audrey, Marcel ou Martine ce qui est à Sylvain, Audrey, Marcel ou Martine, pour ne citer que les plus polluants (toute ressemblance de prénom avec des personnes existantes étant rigoureusement exacte), il est également louable de ma part de ne pas les accabler d’une vindicte personnalisée qu’ils ne sont pas en mesure de comprendre (auquel cas ils se feraient plus discrets).

Certes, je concède que chacun de ces petits griefs, pris chacun dans son individualité, n’est pas bien grave en soi et ne mérite peut-être pas une critique trop virulente, mais leur accumulation, leur répétition, l’absence totale de remise en question de leurs auteurs, et surtout leur inadéquation avec le large public auquel ils s’adressent pèsent lourdement dans la qualité de l’air de l’« environnement » social dont je me préoccupe, en bon citoyen. Comment leur faire comprendre que je ne les accuse pas tous forcément d’être nauséabonds, mais que, sans l’être, on peut tout de même polluer ?

Pour être particulièrement clair et explicite, la même publication peut amuser de la part d’un véritable ami, avec lequel une connivence historique justifie le clin d’œil amical d’un petit smiley, mais exaspérer de la part d’un pseudo « ami » noyé dans une masse non significative. Je ne pense pas que ce soit illégitime de le ressentir ainsi.

Contre la stupidité, on est vite désarmé…

De plus, en me retenant pour ne pas outrepasser les limites de la courtoisie, si je concède que ma plume peut parfois baigner dans l’encre acide, je recommande à certains commentateurs de mes propos, et particulièrement une certaine B., d’aller se mettre la leur ailleurs. Nul doute que, vu l’odeur nauséabonde de leurs propos, ils n’ont pas attendu mon conseil. Chacun puise son inspiration dans sa matière préférée, grise et grisante pour les uns, fécale et fétide pour d’autres. On peut au moins, comme je viens de le faire, exprimer une idée imagée avec des mots qui, pris chacun dans leur unicité, restent parfaitement bienséants. Je n’ai pas ce travers, commun à certains, de déraper dans le vocabulaire ordurier, quand il n’est pas scatologique. Pour en finir avec cette B., apparemment distributrice de bien-être à domicile dans la vie et d’ « élégances» nauséabondes sur Facebook, remettant en cause mon humour et plus… (dans une association d’idées dont la stupidité n’est dépassée que par l’inutilité de son autrice sur ce réseau social), je souligne qu’un primate obsédé à l’humour rustaud ne connaîtra jamais le plaisir qu’un exquis sapiophile aura de mourir en épectase ou comme Chrysippe (dans le même temps bien entendu, les deux manières n’étant pas incompatibles, et même plutôt appréciables). Je ne lui fais part ici que de mon mépris, l’indifférence étant insuffisante et la haine trop toxique pour celui qui l’éprouve.

Facebook : un outil bien mal utilisé (pour la plupart…)

Ainsi, Facebook est un OUTIL, une tartine sur laquelle les plus pertinents et respectueux étaleront un délectable foie gras, et d’autres une indigeste marmelade périmée. Depuis le paléolithique, l’être humain affiche son intelligence – souvent émotionnelle – par les différents degrés de pertinence dont il fait montre dans l’usage d’un même outil. En prison, une fourchette sert à tout : à manger pour le plus grand nombre, à crever les yeux d’un codétenu pour les plus agressifs, à s’évader pour les plus intelligents (l’ordre est cette fois volontairement organisé du plus banal au plus vital, du plus trivial au plus noble). Les frères Dalton ne me contrediront pas, surtout Averell et Joe. De même, Facebook offre la possibilité du partage intelligent des connaissances, de l’information, du savoir, de la création… ou d’une pollution fatigante.

J’en ai donc après ces pollueurs. Dans la vie quotidienne, les côtoyer se fait sur la base du hasard malheureux, éventuellement du volontariat, au pire du bénévolat caritatif… Sur Facebook, quand on joue le jeu du réseau social (et pas amical), parvenir à les esquiver est illusoire … Si l’on me rétorque que je peux aussi trier sur Facebook, je réponds que dans le cadre d’un profil dont le but était à l’origine de promouvoir un certain accès à la culture, adossé à une page associative – et c’est un peu le rôle d’un réseau social – c’était se fourrer le doigt dans l’œil jusqu’à la quatrième vertèbre. J’ai donc malgré-moi pris le risque de devenir aveugle, avec cette compensation que – paraît-il – la perte d’un sens en surdéveloppe un autre. Effectivement, j’ai depuis l’odorat très sensible à la pollution que je dénonce.

Du bonheur de quitter Facebook…

Comme il n’y a que les sociétés dictatoriales qui filtrent l’accès à la culture, j’ai joué à fond la naïveté de la diffusion au plus grand nombre, dans le seul intérêt de mettre en avant le travail d’artistes dont la publicité méritait beaucoup mieux que bien des publications que j’ai évoquées.

Encore une fois, et au risque de me répéter pour bien me faire comprendre, je n’ai de griefs que contre ces pollueurs que je ne remercie pas de m’inspirer aujourd’hui et qui semblent vivre par procuration sur les réseaux sociaux, avec une intensité proportionnelle au nombre de « likes » qu’ils récoltent et collectionnent. Je les plains et préfère vivre ostracisé… par Facebook. J’estime avoir suffisamment d’esprit pour prendre le risque de devoir me satisfaire de sa seule compagnie (compagnie de mon esprit, pas de Facebook…) : certains y verront de la prétention, je n’y puise que de la sagesse.

Ainsi, Facebook est un endroit où, trop souvent, écrire est plus hygiénique que lire ou respirer, et encore… Je ne demanderai donc pas pardon d’avoir la plume un tantinet assassine : c’est moi seul que j’assassine aujourd’hui, socialement, virtuellement… Quel soulagement…

Allez, hop.

H.B.

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