À La Seyne-sur-Mer, autopsie d’un quartier « populaire »
En grec, autopsie signifie « voir par soi-même ». Traditionnellement, ce terme est employé post mortem. Mais autopsier un cadavre n’a d’intérêt que pour les proches du défunt, pour Christophe Hondelatte, pour les flics ou pour les voyeurs. Les assassins appréhendent ce genre de dissection et moi, quoique n’ayant (presque) rien à me reprocher, elle m’indiffère. Je préfère autopsier les vivants, à commencer par ceux que je croise dans mon quartier. Mon quartier, c’est le centre-ville de La Seyne-sur-Mer (Var, France ; ou plutôt au pays des grandes gueules qui ont tout vu, tout connu, qui savent toujours tout sur tout, et qui vont tout vous expliquer, surtout quand vous n’avez rien demandé).
Sur le papier – j’entends par là sur une carte IGN, pour les rares papyrophiles nostalgiques qui se souviennent que cela existe –, La Seyne-sur-Mer occupe une position géographique idyllique, au cœur d’une rade qualifiée par les Toulonnais, avec un chauvinisme bien français et encore plus sudiste, de « plus belle rade d’Europe ». Malheureusement, un arsenal militaire pollue et défigure ce coin de paradis, rendant l’air irrespirable, l’eau imbuvable et les environs infréquentables [à mon sens, la place des navires de guerre est au fond de l’océan ; malheureusement, chez nous, ils flottent encore]. À proximité, le centre-ville ancien de La Seyne, en bordure d’un petit port qui pourrait dégager quelque attrait s’il était mis en valeur, porte les traces d’un charme passé certain, qu’il faut imaginer derrière la couche de vernis d’incivilité d’une population qui, pour la majorité, en « tient une couche ».
J’habite donc un quartier que l’on dit « populaire ». Mais quid de ce mot « populaire » ? Est-il péjoratif ou mélioratif ? Il semble hésiter, tel un funambule, entre le positif et le négatif, comme un mot énantiosème que l’on ne saurait dans quel sens appréhender. Car le mot est ambigu. En latin, deux mots faisaient référence au peuple : populus, dans le sens « l’ensemble des habitants (d’un État ou d’une ville), et vulgus, dans le sens « le commun des hommes, la foule » (sous-entendu d’une couche sociale inférieure). Les deux termes ont perduré, avec une évolution différente, au point que le français a tiré son mot « peuple » du populus, tandis que l’allemand a tiré le sien (Volk) du vulgus.
Mais les dictionnaires sont unanimes, « populaire » renvoie au peuple, « en tant que milieu social », précise le Larousse. Ainsi, les expressions peuvent être dites « populaires », de même que les traditions, les bals, un chanteur, un art, ou encore un quartier… Chez les plus jeunes, est « populaire » celui qui dégage une certaine aura, un charisme certain, celui qui est adoubé par le plus grand nombre, en quelque sorte… Et, à l’opposé, il existe le verbe latin populor, qui signifie « ravager », « détruire ». Au second degré, comme il est difficile de passer inaperçu dans un quartier populaire où tout le monde connaît tout le monde, à moins de rester cloîtré chez soi, chacun est un peu « populaire » à sa façon, mais force est de constater que beaucoup sont aussi « ravagés », comme je vais m’efforcer de le démontrer…
Pour en terminer avec le mot « populaire », preuve qu’il est lui-même populaire (pour une mise en abyme façon Vache qui rit), il a aujourd’hui son apocope : « pop ». Comme la « pub » ou le « métro ». Il existe même une banque qui surfe sur cet a priori positif qui voudrait faire de « populaire » un synonyme de « démocratique », au sens d’accessible au plus grand nombre : la fameuse « Banque pop ».
Le « populaire » en politique…
Petit rappel historique… Depuis l’Antiquité, le « populaire » fait référence au peuple, la partie la plus nombreuse de la population, et a priori la moins favorisée en termes d’argent et de pouvoir, évidemment indissociables. Chez les Romains de la République (entre 509 et 27 av. J.-C.), on oppose ainsi les patriciens (nobles et riches) aux plébéiens (le peuple), et plus précisément les optimates (les « meilleurs », en toute simplicité, à savoir les patriciens) aux populares (le peuple, donc les plébéiens). Depuis, ces populares n’ont eu de cesse de revendiquer le partage des droits et des richesses, jusqu’au clivage gauche-droite que nous connaissons bien, quoique aujourd’hui un peu has been.
Question politique, faire référence au peuple est une constante de la gauche, périodiquement contrainte de se rassembler sous la bannière d’un « front » qui recherche la popularité, tout en mettant en avant les plus ridicules et les plus pitoyables des politiciens français : les Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot, Sandrine Rousseau, Louis Boyard, Marine Tondelier, Sébastien Delogu, etc. Pour être « populaire » (condition sine qua non pour être élu, au moins au départ) un politicien doit être dépourvu de tout sentiment qui engendrerait chez le commun des mortels une impression désagréable de honte ou de ridicule. J’en déduis que le « bon sens populaire » est mort, ce que l’omniprésence de la téléréalité et des réseaux sociaux dans le quotidien de mes contemporains confirme sans peine.
À La Seyne, la mairie est aux mains de la droite. Autant dire que le quartier « populaire » du centre-ville est le cadet de soucis de la Schtroumpfette (la blonde qui occupe le poste de premier édile), trop occupée par sa petite personne, ses caprices, son permis de construire personnel et ses guéguerres de pouvoir aussi pitoyables que lamentables. Ne croyez pas que j’ai choisi le personnage de la Schtroumpfette au hasard. J’ai quelques références culturelles plus pertinentes que les bandes dessinées de Peyo, mais la ressemblance avec ce personnage, créé ex nihilo dans la BD par un autre personnage, Gargamel, à partir d’une recette piochée dans un vieux grimoire, est criante de réalisme :
Un brin de coquetterie, une solide couche de parti pris, trois larmes de crocodile, une cervelle de linotte, de la poudre de langue de vipère, un carat de rouerie, une poignée de colère, un doigt de tissu de mensonges, cousu de fil blanc, bien sûr, un boisseau de gourmandise, un quarteron de mauvaise foi, un dé d'inconscience, un trait d'orgueil, une pointe d'envie, un zeste de sensiblerie, une part de sottise et une part de ruse, beaucoup d'esprit volatil et beaucoup d'obstination, une chandelle brulée par les deux bouts.
Mais madame le maire n’est pas l’objet de cet article ; je voulais juste pointer son incapacité totale à gérer un problème ancien : la paupérisation intellectuelle, culturelle et civilisationnelle du centre-ville de La Seyne.
Le centre-ville de La Seyne : un quartier très populaire
Mais alors, concernant mon quartier, en quoi est-il « populaire » ? Excepté les caractéristiques urbanistiques et architecturales, c’est bien l’humain qui caractérise ces quartiers. Et, contrairement à un quartier résidentiel « huppé », où l’on « s’emmerde comme un rat mort », il se passe toujours quelque chose dans un quartier populaire, à commencer par y croiser des rats, bien vivants, eux… L’on pourrait s’attendre, à La Seyne, à un « populaire » tendance Pagnol, où le croquignolesque côtoierait le pittoresque, dans une sorte de mélange de théâtre de rue et de spectacle d’impro. Mais il n’en est rien. Le seul spectacle visible s’apparente plus à un Festival Seynois du Sans-Gêne et des Incivilités. Une création locale, consciencieusement entretenue malgré elle au fil des années par la mairie de La Seyne, ou plutôt par son désintérêt total de la question, avec le concours de la police municipale, remarquable de discrétion, synonyme ici d’inefficacité.
Un quartier populaire est donc bruyant, et le centre-ville de La Seyne n’échappe pas à la règle. Chez des gens civilisés, certaines heures incitent habituellement à la discrétion. Du coucher au lever du soleil, on baisse le son, étant convenu que la majeure partie de la population dort. En France, chaque mairie de chaque ville a même institué des horaires pour faire du bruit. Et donc, par défaut, d’autres horaires où le respect de la quiétude ambiante est une obligation. Mais le quartier populaire se fiche de cette convention. La seule convention qui existe, à l’échelle de l’habitant, c’est sa propre satisfaction. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Or, le seul plaisir semble être de faire ce que l’on veut, et surtout quand on veut.
Certains m’objecteront ici que ce que je qualifie de bruit s’appelle parfois « musique ». Ah bon. Je persiste, c’est bien du bruit. Qualifier de musique du slam ou du rap nouvelle génération, accompagné d’une litanie de paroles sans aucun sens et vulgaires, le tout sur un fond sonore de « boum-boum-boum », c’est comme qualifier Poutine ou Erdogan d’humoristes. Il semble également que la musique fasse l’objet d’une mutualisation. Mais, à la différence d’une mutuelle, où le principe repose sur l’adhésion volontaire et facultative, mes voisins imposent leur musique bruit avec une absence totale de délicatesse. N’étant pas particulièrement fan de Cheb Mami, Khaled et encore moins de leurs fils spirituels, je subis leur pollution sonore.
Un centre-ville paupérisé, communautarisé et abandonné par la mairie
Dans un secteur semi-piéton où la circulation est juste tolérée à vitesse raisonnable, il n’y aucune raison d’entendre le moindre coup de klaxon. Malheureusement les cons-ducteurs se croient dans les rues de Bombay ou Marrakech. Quand le klaxon – consommé sans modération (comme l’alcool quand l’imam a le dos tourné) – ne sert pas de téléphone, de sonnette ou d’interphone, jusqu’à ce que Rachid, Kevin ou Yasmina émerge de sa sieste et apparaisse à sa fenêtre pour dire que « c’est bon, je descends… »
Il n’est pas toujours nécessaire de posséder une voiture ou un outil pour être bruyant : les cordes vocales suffisent aussi. Ça s’engueule dans la rue, sur le trottoir, ou depuis la fenêtre, ou encore chez soi mais tellement fort, avec la fenêtre ouverte, que tout le monde en profite. En général, une histoire de fille ou d’argent, ce qui, décidément, n’a rien d’original : les mêmes préoccupations qu’au FMI du temps de Strauss-Kahn… Avec souvent un gamin au milieu qui n’a rien demandé.
Quand ce n’est pas côté rue, c’est côté cour. J’imaginais la double exposition comme un avantage, c’est aussi une double nuisance. Les cours intérieures, juxtaposées en enfilade, font caisse de résonance, ce qui devrait en théorie inciter à la discrétion. Malheureusement, un voisin avait pris l’habitude de meuler ses plombs de pêche à cinq heures du matin juste avant d’aller taquiner la girelle ou la rascasse. Je préfère quand il arrosait ses plants de cannabis, l’opération s’avérant beaucoup plus silencieuse. Il faudra que je pense à négocier mon silence (concernant ses plantations illicites) contre le sien (concernant l’usage de sa meuleuse). Question outillage, une autre voisine, toujours côté cour, exprime bruyamment sa satisfaction de se faire « limer » à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit, mais nous y reviendrons [dans le dictionnaire, il existe une gradation dans le niveau de langue avec, du moins soutenu au plus recherché : « vulg. » pour vulgaire, « fam. » pour familier, « pop. » pour populaire. Je le confesse, l’expression « se faire limer » rejoint la catégorie « vulg. ». « Vulgaire » venant de vulgus, le peuple, qui a donné aussi « populaire », il faut donc comprendre qu’il existe une hiérarchie entre le vulgaire et le populaire, comme si la trivialité ne pouvait pas être l’apanage d’une couche sociale supérieure, forcément plus distinguée].
Quant aux commerçants de la portion bien connue de l’avenue Gambetta, ils font preuve d’une solidarité communautaire aveugle au profit de leurs clients… Le droit (d’ouvrir un commerce ou de vendre ce que l’on veut), s’accompagne aussi du devoir (moral, il est vrai non soumis à sanction) de « tenir » sa clientèle. N’étant pas client chez eux – forcément : la malbouffe m’écœure, je ne mange pas halal, je ne me fais pas tailler la barbe que je ne porte pas et n’achète pas un qamis ou sarouel que je ne porte pas non plus, et je n’envisage pas de consacrer mes prochaines vacances à pèleriner à La Mecque ni de faire rapatrier mon corps au bled –, bref, ne partageant ni leur communauté ni leurs habitudes, je n’ai rien à en attendre. Ils font ainsi preuve d’une susceptibilité mal placée à l’évocation des nuisances occasionnées par leurs livreurs, qui méprisent autant les sens uniques que les priorités accordées aux piétons. Le propos le moins agressif de leur part a été un « Va-t’en, mon frère, t’as rien à gagner. » Je n’aime pas qu’on me tutoie, ni qu’on m’appelle « mon frère ». Nous n’avons pas gardé les moutons ensemble, et je préfère les compter pour m’endormir que les saigner comme un barbare dans ma baignoire. Les seuls moutons que je traque chez moi sont ces amas de poussière qui ont l’intelligence, grâce à l’électricité statique, de s’agglomérer pour faciliter leur ramassage…
À bien y réfléchir, la difficulté est que la grande majorité de cette population vit dehors. Car si, dans le quartier, une bonne partie des logements, insalubres, sont inoccupés, et d’autres squattés, il se trouve néanmoins une part importante de la population à vivre dans la rue, occupée à ne rien faire, à savoir passer les chaudes soirées d’été assise sur le trottoir à se manucurer pour les filles et se gratter les c… pour d’autres (au sens propre, mais à l’hygiène discutable). Il faut bien tuer le temps avant le barbec improvisé sur le trottoir.
À partir d’une certaine heure, seule reste la gent masculine, aux regards lubriques et aux remarques déplacées. Pas de souci pour moi, bien à l’abri dans ma condition masculine bien genrée. Mais pas pour Coralie, que j’avais peut-être insuffisamment mise en garde la première fois qu’elle est venue seule chez moi. Pour le dire de façon poétique (avec allitération et assonances) : « Ces connards accostent l’accorte Coralie sans son accord. » C’est que Coralie a le décolleté aussi généreux que ces barbares ont la grossièreté facile, et la vue d’une jupe, quelle que soit sa longueur, déclenche chez ces primates un filet de bave qui en dit long sur leur frustration et l’absence totale de respect pour le sexe dit « opposé ». Nous ne pouvons ici que déplorer cette appellation connotée négativement (« opposé ») qui insinue une différence bien plus synonyme d’antagonisme et de conflit que de complémentarité. À ce titre, il conviendrait, dans un souci d’heureuse harmonie, de débaptiser l’expression « sexe opposé » pour la rebaptiser « sexe complémentaire », dont chacun percevra immédiatement la pertinence, notamment pour l’imbrication physique, garante de la survie de l’espèce, mais pas seulement…
Tout cela se passe donc sur un fond de communautarisme insupportable, cette maladie héréditaire, contagieuse, abrutissante et neurodégénérative, dont le terreau est le plus souvent la religion, au moins en apparence. J’ai cru à la mixité sociale, linguistique, culturelle, raciale, intellectuelle, mais jamais au communautarisme – cette gangrène trop souvent d’obédience religieuse qui asphyxie le savoir vivre-ensemble. Entendons-nous bien. Je ne fustige aucune communauté en elle-même ; c’est l’esprit communautaire qui est toxique. Que l’on soit d’origine maghrébine, portugaise, gens du voyage ou Paris XVIe, c’est le repli identitaire et l’absence d’ouverture qui est problématique. La politesse, le respect, l’éducation et la culture remettent tous les compteurs à zéro. Mais c’est rare…
Le « voisin », une plaie…
Soyons pragmatiques : le problème, c’est le voisin. Benoît Poelvoorde s’est fait connaître avec un film intitulé C’est arrivé près de chez vous. Dans ce road movie de quartier, la quasi-totalité des protagonistes, voisins de quartier, disparaissent les uns après les autres, dans une ambiance aussi cynique que jubilatoire pour le principal intéressé. Dans mon quartier, les habitants font partie du décor, aussi immuables que pittoresques. Je rêve qu’ils disparaissent, puis je me réveille… C’est que j’ai le voisin en horreur. Il n’a rien fait pour cela, il a juste le tort d’être un « voisin ». Je le suis aussi pour eux, forcément ; nous sommes quittes.
Je ne les connais pas tous. Il arrive qu’une nouvelle tête apparaisse. Pourtant, elle semble connaître le quartier comme sa poche (bizarre, une tête qui a une poche, mais je vous l’avais dit que mon quartier était bizarre) : « Je suis d’ici mais j’ai passé quelque temps en province », dit-elle pudiquement. Si l’on considère que les Baumettes sont la province, effectivement.
Dans un autre film, Raoul Tabourin (inspiré d’une bande dessinée de Sempé), Benoît Poelvoorde incarne un villageois touchant, réparateur de vélos de profession, mais qui garde un secret inavouable : il ne sait pas faire de vélo. Il affirme, honteux : « Certains naissent daltoniens ou hémophiles, moi j’étais incapable de faire du vélo. » Moi, je suis le Raoul Taburin de la relation de voisinage : je ne sais pas faire. Je vis donc au milieu de voisins dont la fréquentation me semble impossible. Alors, je rase les murs et vis au seuil de la cordialité, l’essentiel de mes rapports humains se limitant à rendre un « Bonjour » quand j’en reçois un. Je suis passé maître dans l’art de les éviter, en réglant l’allure de mon pas, en sortant à des horaires opportuns, où quand il pleut, synonyme de rues désertées. Malheureusement, je n’habite pas en Bretagne, et les averses sont aussi rares que la conversation intéressante d’un voisin.
En ce sens, je ne suis évidemment pas populaire dans mon quartier. C’est normal, j’ai grandi à une époque ou Jean-Patrick (voilà un prénom bien populaire) Capdevielle chantait : « C’est pas très populaire le goût d’la solitude » (Quand t’es dans le désert, 1980). À ce stade, je m’aperçois que mes citations et références ne tutoient pas les sommets de la littérature : Hondelatte, Peyo, Poelvoorde, Capdevielle… Il est temps que cet article se termine.
Certains visages me sont plus connus que d’autres. Mais, quel que soit le degré de connaissance, dans un quartier populaire, la familiarité est de mise. Dans « familiarité », il y a certes le mot « famille », mais certains le prennent au premier degré, avec la désagréable manie d’interpeller tout le monde « frère ». Ne sachant trop comment je dois le prendre, j’ai analysé la chose.
« T’as pas une clope, mon frère ? »
C’est que, dans un registre un peu différent, je jouis d’une certaine popularité : je ne peux plus sortir de chez moi sans me faire interviewer pour une cigarette ou deux euros. Depuis quelque temps, inflation oblige, il n’est pas rare d’être sollicité pour « un joint » ou « dix euros » (quant au « s’il te plaît », il a disparu, probablement trop risqué pour le quémandeur de s’entendre répondre un très logique « Non, il ne me plaît pas. ») Pour être honnête, je n’aime pas que l’on me tutoie, que l’on m’appelle « mon frère », ni que l’on me taxe de quoi que ce soit, même si le racket n’est pas agressif. Certes, les sociétés les plus primitives ont imaginé le troc comme principe commercial de base, honorant ainsi de louables intentions de partage équitable. Mais, petit à petit, des barbares et des envahisseurs ont pris l’habitude de se servir sans se soucier de ne point léser. À leur image, mon « racketteur » se soucie de partager ce qui est censé m’appartenir. Je pense être d’un naturel assez généreux, mais il est indéniable que la répétition lasse, et que la générosité repose sur un préalable de spontanéité que je ne ressens pas à son égard… Pire, si l’honnêteté me pousse à avancer le motif originel de mon refus, à savoir que « Non, je n’ai pas envie de te dépanner d’une cigarette », l’attitude de mon aimable racketteur passe du trivial au vulgaire, du familier à l’ordurier, du sans-gêne à l’agressif. L’insulte est la seule fulgurance cérébrale dont il se montre capable, et tient généralement en un seul mot, que la décence m’empêche de préciser. Pour les plus joueurs, c’est un mot de six lettres, commençant par un e et finissant par un é, dont la syllabe médiane évoque le fondement (physiologique, et non les prémices d’une pensée), et qui constitue l’essentiel du vocabulaire d’un supporter de foot marseillais (et de sa vie sexuelle ? Ceci n’est qu’une question, légitime puisque cela fait référence à un comportement intime qui semble les obséder).
Si j’avais commencé par une rapide introspection, j’aurais conclu rapidement que cette escalade de violence verbale n’a pas lieu d’être, puisque je n’ai jamais de cigarette sur moi. D’ailleurs je ne fume même pas la cigarette. Ce qui ne m’empêche pas de ne pas avoir envie d’en donner à n’importe qui dans la rue, dix fois par jour. Et encore moins de devoir me justifier de ne pas fumer leur saleté. Je ne fume que la pipe. Est-ce que je réclame une pipe à la première fille que je croise, au prétexte décomplexé que j’en ai besoin ou envie ? Demain, j’essaierai un osé « Wesh, gazelle, une pipe, s’te’plaît. » Je demanderai à Coralie ce qu’elle en pense, elle est souvent de bon conseil et, dans ce domaine, ne se fait pas prier pour joindre le geste à la parole.
La gestion des déchets
Quant aux poubelles, que dire ? L’usage le plus répandu, n’importe où dans le monde, consiste à descendre son sac poubelle et de le déposer au coin de la rue, dans un container prévu à cet effet et dont la taxe foncière nous rappelle chaque année le coût de la maintenance. Dans mon quartier, l’usage plus répandu est de le descendre et de l’abandonner sur le trottoir. Si ce dernier n’est pas éventré par un chat, un chien ou un rat avant le passage (aléatoire) des éboueurs, nous aurons de la chance. La flemme et la bêtise, qui, associées, sont redoutables, ne permettent pas leur dépôt dans les fameux containers. Dans les bars, « populaires » bien sûr, l’usage de la poubelle est également inconnu : les mégots ou les sucrettes de café terminent par terre sans autre forme de procès. Quant aux déchets de chantiers (vieux placos, huisseries, briques et autres gravats), inutile de dire que la déchetterie est un lieu aussi inconnu que le pays de Cocagne.
Malheureusement, les « ordures ménagères » abandonnées par ces « ordures humaines » ne sont pas les seules abandonnées à la concupiscence des chats, chiens et autres rats. La restauration rapide étant un sport de quartier, les emballages de kebabs halal et de canettes et bouteilles vides jonchent les sols, les consommateurs ne jugeant pas opportun de ne pas encombrer et salir la chaussée. Tout cela fait également le bonheur des pigeons, nourris religieusement par des petites vieilles, certes soucieuses de ne pas jeter les restes de pain, mais étrangères à toute notion de salubrité publique.
Enfin, marcher dans la rue suppose de slalomer entre les déjections canines en tout genre (solides et liquide, en passant par tous les états de la matière) et les sécrétions salivaires humaines (mais peut-on qualifier d’humain un bipède qui s’adonne à ce genre d’abjection ?), qui redoublent en période de ramadan. Sur ce dernier point, preuve que la bêtise est la meilleure alliée de la religion, rien ni personne n’a jamais interdit d’avaler sa salive, mais les préjugés sont tenaces, dans toutes les religions.
Concernant les chiens du quartier, ce n’est pas à eux qu’il faut en vouloir de se soulager n’importe où, mais bien à leurs maîtres. Quant aux races que l’on peut croiser, on est plus proche du bâtard que du pedigree. Par respect pour l’espèce humaine, je ne commencerai donc pas ici une étude sociologique sur le thème « tel maître tel chien », qui pourrait nous emmener loin, très loin de ma bienveillance naturelle, dans des dérapages parfaitement contrôlés.
Un concept inconnu : le travail
Le désœuvrement semble donc l’une des principales caractéristiques du centre-ville de La Seyne. La paupérisation n’est pas une excuse : dans le bidonville de Dharavi, dans lequel un million de personnes cohabitent en plein cœur de Mumbai dans une misère noire, tout le monde s’active. Le travail est un moteur qui apporte une dignité. Mais pas à La Seyne, et c’est dommage. Je fais partie du – tout petit – pourcentage de la population du centre-ville qui travaille (concept, inconnu dans le quartier, qui consiste à consacrer une partie de son temps et de ses capacités en échange d’un pécule permettant de ne pas vivre au crochet de l’État), paye des impôts, ne vit pas des aides sociales, consomme dans les bars (raisonnablement), les restos (modérément), et œuvrait encore récemment dans le milieu associatif culturel de ce même centre-ville…
À propos de « travail », on ne travaille pas, dans un quartier populaire : on « se débrouille », on « bidouille », on « trafique » (de quoi ?). On ne fait pas non plus de travaux : on « bricole », on « rafistole », on « mécanique ». On n’emploie pas les mêmes verbes dans un quartier huppé que dans un quartier populaire, l’argot en est la meilleure preuve.
Aimer et mourir dans un quartier populaire
Ainsi, autour de chez moi, on gueule, on menace, on maltraite, mais on aime aussi. Enfin, on copule. Dans un quartier populaire, tout le monde sait qui couche avec qui, qui est l’ex de qui, qui lorgne sur qui. Pour la voisine de la cour, tout le monde sait même à quel moment ses galipettes amoureuses l’amènent au septième ciel (ou quand elle fait semblant, comment savoir ?). Mais, attention, si elle n’a pas la discrétion chevillée au corps (celui-ci est déjà pris…), elle a celle, plus délicate, de ne pas prévenir et de varier les horaires, de moduler l’intensité des vocalises, et de laisser ses « auditeurs » dans l’incapacité de savoir dans quelle position elle les réalise et en quelle compagnie – si compagnie il y a. Après tout, certains bonheurs sont plus contagieux que d’autres, et je trouve moins dérangeant d’entendre la voisine prendre du plaisir que mon voisin écouter sa musique à tue-tête.
Enfin, on meurt aussi dans mon quartier. Et là, c’est beaucoup moins populaire. Une voisine, très proche géographiquement (dans la maison mitoyenne, au même étage que moi) est ainsi décédée sans même que j’ai eu connaissance de son existence, probablement dans l’anonymat le plus complet. Je l’ai appris à la présence de la police et des pompes funèbres venues évacuer son corps… Il semble qu’elle soit décédée seule, âgée, sans famille ni amis, dans des conditions que j’ignore : de quoi ? dans quelles souffrances ? depuis quand ? Aucune idée. Dès le lendemain, les services sociaux s’affairaient pour descendre tous ses effets personnels (mobilier, vêtements, et jusqu’à l’album de photos) sur le trottoir, pour le passage des encombrants le lendemain. Ce fut une foire d’empoigne abominable : qui une valise, qui un petit miroir, qui un guéridon… La vieille n’était même pas encore enterrée, probablement encore dans la chambre froide, que son univers était déjà jeté, distribué, disputé… Que dire, quand on n’a pas les mots ?…
Peut-on compter sur la mairie ?
La pensée la plus immédiate serait de s’adresser dans un premier temps à la mairie. Je l’ai fait. La Schtroumpfette est très active sur les réseaux sociaux, notamment pour se gargariser d’avoir animé le centre-ville en faisant venir deux cymbales et un saxo le dimanche matin sur le marché du cours Louis Blanc, ce qui est un peu indécent au vu de l’activité nauséabonde constante, dénoncée plus haut, de la portion de l’avenue Gambetta, située à 70 m de la mairie et 130 m de la police municipale… À l’heure des réseaux sociaux, il semble qu’elle ait gagné les élections dans les médias, mais, pour l’heure, la « médiacratie » semble avoir laissé place à la « médiocratie » (ce dernier terme, à la différence du premier, n’est pas à lire comme une juxtaposition de deux termes mais comme une haplologie, ou en d’autres termes comme un mot-valise dont la charnière serait ici la troisième syllabe. Excusez-moi de me faire plaisir, chacun joue avec ce qu’il peut, et je m’amuse plus avec les mots qu’avec mes voisins).
Concernant les policiers municipaux, il est regrettable que le niveau littéraire requis à l’embauche soit insuffisant pour leur permettre de faire la distinction entre « police de proximité » et « copinage ». La paix sociale par la lâcheté… Dans la loi française, ne pas ramasser les déjections de son chien, cracher par terre, rouler avec un engin motorisé bruyant, faire du bruit en dehors des créneaux horaires autorisés, stationner n’importe où et prendre les sens uniques, ou encore se promener torse nu dans la rue sont passibles de contravention. Mais le quartier populaire est une terre de non-droit, où le policier municipal ferme les yeux. Le stade de la répression devrait avoir supplanté depuis longtemps celui de la pédagogie. Le radar qui me contrôle à 52 km/h au lieu de 50 ne me fait, lui, aucun cadeau. Alors, soit les policiers ont des consignes pour ne pas verbaliser, et ils appliquent bêtement une consigne stupide, soit ils n’en ont pas et ils ne font pas leur boulot. Mouton ou incompétent, le choix leur appartient…
Pour en terminer avec ce que l’on nomme de façon très inappropriée les forces de l’ordre, je constate chez l’être humain déguisé en policier que ce dernier a une tendance affligeante à compenser une déficience de la réflexion par un armement conséquent, ce qui, confronté à des situations délicates, est un non-sens. J’ai plus de respect pour le bobby londonien – armé de sa seule matraque et d’un flegme très britannique, et qui voue à l’arme à feu un mépris tout à son honneur – que pour le navy SEAL américain, armé jusqu’aux dents. Malheureusement, comme chacun a pu le constater, le policier municipal seynois ressemble à s’y méprendre au navy SEAL. Entre le gilet pare-balles, le taser, la matraque, les menottes, le Beretta (ou Sig-Hauser) et autres inventions ostensiblement belliqueuses, il n’a manifestement pas trouvé de place pour le carnet à souches. Mais a-t-il jamais eu l’intention de verbaliser ? Quand on pense qu’il suffirait d’une heure de déambulation verbalisatrice pour couvrir une année d’augmentation d’indemnités que la Schtroumpfette n’a pas tardé à s’octroyer sitôt élue…
Mais revenons à nos médiocres… Il m’est arrivé d’appeler la police, excédé par les nuisances sonores d’un voisin, et après avoir été copieusement insulté et menacé par ledit voisin à qui je demandais poliment de cesser de jouer du perforateur à 22 heures. Quelle idée absurde… Devant l’absence totale de réaction, j’ai déposé une doléance à la police municipale. Devant mon étonnement sur leur absence de réactivité, ils se sont débarrassés de moi en me proposant de transmettre à l’élu en charge de la sécurité, en vue d’un entretien. Sans nouvelles de ce dernier, j’ai fini par lui adresser un mail. Toujours sans nouvelles, je me suis représenté à la police municipale : l’adjoint en question a fini par me rappeler… pour me faire part de son impuissance : « La moyenne d’âge est élevée à la police municipale ; ils sont difficiles à bouger… » (sic). Depuis, cet adjoint, cordial mais impuissant, et surtout en froid avec la Schtroumpfette (comme beaucoup d’adjoints), a été débarqué et remplacé par un nouvel adjoint, Gérard Beccaria. Cet ancien policier s’est illustré récemment, le soir du passage de la flamme olympique à La Seyne, en finissant la nuit en cellule de dégrisement, après avoir percuté, au volant de son véhicule et imbibé de 2,5 g d’alcool dans le sang, plusieurs véhicules stationnés. En attendant qu’il soit convoqué au tribunal, la Schtroumpfette, dans un élan de lâcheté, a vite balayé l’affaire, arguant que cela relevait « de la sphère privée », quand bien même l’intéressé est précisément en charge de la police municipale… Rappelez-vous le portrait de la Schtroumpfette par Peyo : « Une solide couche de parti pris […], une cervelle de linotte, de la poudre de langue de vipère, un carat de rouerie […], un quarteron de mauvaise foi. » Devant l’énormité de l’affaire, ce monsieur a tout de même lâché (contraint et forcé ?) la délégation à la sécurité (et donc à la police municipale)… pour être propulsé deuxième adjoint, en charge de la « vie associative » et de la « relation aux usagers et démocratie citoyenne ». Qu’attendre de la mairie ? Rien…
Je n’avais pas l’impression de demander grand-chose… même le Pérou me semblait plus accessible (un billet d’avion suffit…) : juste rentrer chez moi sans slalomer entre les étrons canins et les salives communautaires, sans me faire rouler sur les pieds par un scooter morveux ou une voiture dont le conducteur se prend pour le fils spirituel (bruyamment rapide) de Fangio et de David Guetta (la procréation est hasardeuse, aussi bien dans le genre que dans les dates), de pouvoir jouir d’un calme légitime sans qu’un égoïste se lance dans un concerto pour perforateurs et disqueuses en doigt majeur et respect mineur à des heures non autorisées, de ne pas pouvoir discuter du bien-fondé de mes « revendications » sans me faire insulter dans une langue sémitique dont la culture a périclité avec les siècles, etc. Assez de croiser une police qui ne fait pas son travail, et une mairie qui ne répond pas.
De temps en temps, la police nationale se manifeste sur les réseaux sociaux, comme l’a fait récemment la BAC, qui s’est félicitée de ne faire que son travail, dans des termes d’une maladresse qui en dit long sur sa psychologie… Elle a ainsi évoqué une « belle affaire » après l’arrestation de l’auteur d’un coup de poignard. La victime peut être fière : son cas est une belle affaire… Pire, le lendemain, la presse révélera que l’agresseur était dans un état second, causé par l’inhalation de gaz hilarant, et qu’il n’avait même pas pris la fuite…
Alors, se faire justice soi-même… ?
Devant l’inaction des services publics (municipalité, police…), j’ai entrepris de prodiguer quelques conseils de civilité aux barbares de mon quartier. Malheureusement ces derniers ont une susceptibilité très délicate, et je n’ai récolté que des qualificatifs que la bienséance m’interdit une fois encore de retranscrire ici, et que, en partie parce que je ne comprends pas l’arabe, je serai bien en peine de traduire. Les insultes ne suffisant pas, j’ai constaté un acharnement probablement revanchard sur ma voiture ou ma moto. J’ai du mal à croire qu’un petit mistral renverse les 200 kg de mon 600 cm³, surtout quand il n’y a pas de vent. Mais, même sous les caméras de surveillance, à vingt mètres de la mairie, avec le top case arraché, rien ne sert de porter plainte. J’ai essayé, sans succès. Quant à ma voiture, je ne compte plus les crevaisons de pneus, un fenestron arrière fracassé et mon coffre forcé et vidé deux fois. Quant aux menaces physiques, je les méprise comme étant l’arme des faibles d’esprit.
Le stade de la pédagogie est dépassé depuis bien longtemps. Alors pour les solutions, je pioche dans mes références : « J’vais lui faire une ordonnance et une sévère… J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins [d’La Seyne] qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus : j’dynamite, j’disperse, j’ventile. » Bien entendu, ça fait marrer chez Lautner et Audiard, surtout dans la bouche de Blier, mais si c’est moi qui le dis, on va me trouver un tantinet agressif… Plus sérieusement, soit je me tais, soit ça dégénère…
Le quartier est déjà le théâtre d’une violence surprenante. Le plus souvent, cela reste au stade du règlement de comptes verbal, certains ayant l’habitude curieuse de hurler dans les rues leurs revendications (parfois conjugales), comme si prendre à partie la terre entière pouvait légitimer la réclamation. Cela dégénère de temps en temps en coups de couteau, et de façon heureusement très épisodique en échange de tirs.
La bêtise d’une certaine population, inapte au dialogue, et l’inaction – concertée ? – de la mairie et de la police municipale ne me laissent pas d’autre perspective que de finir, dans le pire des cas (si j’ai le dessous), lynché dans une rue de chez moi, ou au mieux (si j’ai le dessus) aux Baumettes. Ayant une sainte horreur des salles de sport et ne pratiquant la musculation que cérébrale, le lynchage semble plus probable.
La Fête des voisins
M’éloigner d’une ville dirigée par une mairie en proie aux soubresauts – aussi capricieux qu’imprévisibles – d’autosatisfaction d’une Schtroumpfette imbue de sa fierté mal placée peut sembler séduisant. Mais pourquoi serait-ce à moi de déménager ?
Je pourrais aussi rejoindre, bien avant l’âge…, le calme d’une résidence pour seniors (oui, un EHPAD) : une pandémie récente et une canicule chronique ont dû libérer des places. Je ne serai pas perturbé par la violence assourdissante de la musique de décérébrés, la soupe de 18 heures sera moins bruyante que l’apéro-couscous-barbec-merguez familial dans la rue, et le « Wesh, mon frère, t’as pas une clope ? » sera avantageusement remplacé par le « Bonjour Monsieur, nous accompagneriez-vous pour notre partie de scrabble ? » d’un vieillard policé duquel émane encore pour quelque temps le doux parfum d’une éducation d’un autre âge. Mais je suis encore un gamin, et « la vieillesse est un naufrage », écrivait Chateaubriand…
Je finirais bien par partir… Je pourrais alors organiser mon « décrochage de crémaillère » dans la rue, comme tout le monde, avec une thématique anti-communautaire : « côtes de porc et dress code minijupe ». J’ai même trois ou quatre amies naturistes qui se feront un plaisir de tomber le string pour se trémousser in naturalibus sur les paroles de Soldat Louis : « Du rhum, des femmes, de la bière nom de Dieu ».
Allez, je vais de ce pas rejoindre le Comité de quartier et me proposer pour organiser la prochaine Fête des voisins. À ma façon.
H.B.